4 février 2016 à 08:57

Témoin de la coupe de France: Jöel Tanter

Si Sarre-Union est le sixième club alsacien à disputer un 8e de finale de la Coupe de France depuis la création de l’épreuve en 1917, le Racing a remporté l’épreuve à trois reprises en 1951, 1966 et 2001. Mais pas Joël Tanter !

Une bague, une Coupe et l’addition

Que ce serait-il passé si Joël Tanter n’avait pas rappelé un jour de 1971 ce bon docteur Samel, alors président du FCSK06 ? Lui, le Breton de naissance, aussitôt diplômé de l’école hôtelière de Strasbourg, avait rapidement trouvé un emploi au Casino de Deauville. « Et puis, je l’ai rappelé. Il avait fait venir Raymond Kaelbel, et recruté de très bons joueurs. Je suis rentré en Alsace, comme ça. »

La grandeur de Schwartz, l’hommage de Samoy

S’il avait dit non, il ne serait pas monté de trois divisions en trois ans, comme il n’aurait pas gagné la Coupe d’Alsace 1974 à… Schirrhein (contre Bischwiller, 6-1). Juste après avoir embêté Sochaux en 32e de Coupe de France (4-3 à Mulhouse). Il ne serait pas ensuite devenu footballeur professionnel au RC Strasbourg et n’aurait pas été Champion de France en 1979.

Et il n’aurait peut-être pas épousé Fabienne, le 11 mars 1977. Joël Tanter se souvient forcément de ce jour. Précieux, particulier. Si particulier que le Racing de l’inoubliable Elek Schwartz, entraîneur devenu artiste-peintre, avait également un rendez-vous.

«On recevait Lille en 16es de finale aller de la Coupe de France, le soir à la Meinau. Et je m’étais engagé de longue date pour le mariage, j’avais fait publier les bans. Donc, ce jour-là à 15h, Robert Grossmann nous a mariés place Broglie. Il avait heureusement fait un discours assez court », précise, amusé, l’attaquant du Racing, qui sera vite surnommé “Bip-Bip” pour sa facilité à dérouter n’importe quel défenseur. Jusqu’à le faire tomber par terre, quand la Meinau s’étouffait de rire.

«Ivica Osim, Heinz Schilcher et Albert Gemmrich étaient présents à la cérémonie. Comme on devait être à la Meinau à 17h pour la collation d’avant-match, on est passé en vitesse chez Schilcher qui habitait près du CREPS. On a bu deux ou trois coupes de champagne, pas plus je le jure, ma femme a mis le baeckeoffe à cuire. Et je me sentais vraiment très, très bien. »

Ce soir-là, le Racing avait écrasé les Lillois (4-0), Joël Tanter avait distillé trois passes décisives, faisant l’admiration de Charly Samoy.

L’entraîneur nordiste avait dit de ce petit ailier barbu encore méconnu « qu’il avait désarçonné tout seul » son équipe.

« Comme j’aimais beaucoup Elek Schwartz, auquel je rappelais Gento, je l’avais prévenu de mon mariage quand j’étais arrivé au stade. Il ne m’avait pas grondé, juste félicité. Le plus incroyable, le public m’a ovationné à la fin du match sans savoir que je venais de me marier. Quant au baeckeoffe, il était excellent. »

Après un match nul à Lille, le Racing, qui allait remonter en D1, se faisait ensuite éliminer par le très grand Nantes. « On avait perdu 2-0 là-bas, on menait 3-0 à la Meinau. J’avais mis le troisième but, mais les Nantais ont marqué, nous éliminant.»

Son histoire avec la Coupe de France ne s’arrêtera pas là. Elle sera même glaciale quand le Racing, tout juste sacré champion de France, avait lutté contre les petits Auxerrois (alors en D2) en demi-finale. « On avait fait 0-0 à l’aller, nos dirigeants préparaient déjà notre voyage à Paris pour la finale. Et on a fait 2-2 à la Meinau. Dans le vestiaire, il n’y avait pas un mot. Rien. Juste un silence pesant. Gilbert Gress en a longtemps voulu à Raymond Domenech d’avoir été suspendu. »

Pour la petite histoire, c’est un certain Truffaut (André) qui mettait cruellement fin au film d’une saison inoubliable. « À cause de ça, on avait fêté notre titre national une seule journée. »

Un peu plus tard, alors à Rouen lors de la saison 82/83, il avait comme d’habitude fait preuve de caractère. Jetant son maillot au visage de son coach, Robert Vico, un soir de victoire à Lyon (0-4). « Lors de mon premier match à Robert-Diochon, j’avais été ovationné par le public. Il avait mal pris ma popularité, il avait décidé que je ne jouerai plus que les matches à l’extérieur. Après cet incident, j’avais rejoué à domicile. »

« Être reconnu me gêne parfois »

Il avait alors croisé la route de Jean-Jacques Marx, son ami strasbourgeois, lors d’un match de Coupe de France face à Toulouse. « Il a souffert, puisqu’il devait me surveiller. Et on s’était qualifié », sourit Joël Tanter.

Le dernier souvenir de la Coupe de France est le plus douloureux, puisqu’il est le dernier match de sa carrière. « Je jouais pour Aix, on affrontait Hyères et mon genou gauche a lâché une troisième fois, celle de trop. »

Malgré ça, le Breton de Sarzeau, « naturalisé alsacien » par son mariage un jour de Coupe, a intégré la commission régionale présidée par André Hahn. Et promène sa bonhomie partout en Alsace. « Être reconnu me gêne parfois. À Wingen-sur-Moder, une personne avait même pleuré. »

Vendredi, Joël Tanter refera l’addition de ses ans. Et tombera sur 65. Il aura le goût de fêter ça avec une coupe. Alors, santé !

 

Source DNA.fr

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