3 juin 2016 à 17:49

Focus sur Yann Benedick

Yann Benedick est né attaquant, donc ne vit que des buts qu’il inscrit ou presque. Depuis deux matches, s’il fait à nouveau trembler les filets, il sait depuis plus longtemps que son avenir s’écrira loin de Sarre-Union.

L’ombre d’un double

Regarder la télé donne parfois des idées. Quand on avait six ans lors de l’été 98 et qu’on se plaisait à zieuter Thierry Henry gambader sur le pré du Stade de France, on avait sûrement envie de devenir attaquant. Et de marquer, de ne penser même qu’à ça. « Alors, quand tu connais des périodes comme celle que j’ai récemment connue, à ne pas marquer pendant plein de matches, tu te poses beaucoup de questions. Et tu finis par douter. »

« J’aurais pu être plus utile au collectif… en étant plus égoïste »

Cette fois, le trou d’air a duré six rencontres pleines. Six rencontres à ne pas voir les genoux d’un gardien se plier, à ne pas entendre ses filets de but plisser. « Le groupe avait sombré, j’ai sombré avec, raconte Yann Benedick. On n’a pas su faire preuve en championnat du caractère qui nous avait permis de réaliser notre superbe parcours en Coupe de France. On ne s’est pas donné les moyens de réussir. Nous sommes tous coupables, les joueurs, comme les dirigeants, comme le staff. Chacun doit prendre sa part. »

Il se reproche ainsi d’avoir « trop voulu participer au jeu » de son équipe. « J’aurais pu être plus utile au collectif… en étant plus égoïste. Je cherchais les ballons trop bas, je perdais ainsi l’énergie nécessaire devant le but. Là, il faut être vif, précis et lucide. J’aime partir dans l’espace, frapper sans contrôle le plus souvent. »

Ces qualités, il les avait étalées à son arrivée, au mois d’octobre : trois buts en autant de rencontres de CFA, sans oublier sept réalisations en Coupe de France.

Puis, en championnat, il s’était endormi ne marquant qu’une fois lors des quinze matches suivants. Donnant l’impression que son double, ou un frère jumeau, l’avait remplacé sur les pelouses.

« Quand tu cherches à trop bien faire, il t’arrive de déjouer totalement. »

On parle là de maladresse, de poisse parfois, on parle de ce petit dixième de seconde qui sépare l’attaquant besogneux du buteur hors classe. « Je me créais des occasions, c’est tout. »

Le Strasbourgeois, d’abord pétri au Racing, qui venait de passer quatre saisons à Reims, la moitié à réparer un corps meurtri (deux fois prêté au Racing), se dit donc « extrêmement frustré par cette saison ». Il espérait qu’elle serait celle du rebond vers le monde professionnel.

« J’aurai besoin d’une nouvelle étape. Quand tu termines à notre place, tu n’intéresses pas grand-monde, lâche le joueur de 24 ans avec autant de lucidité que d’amertume. On avait les joueurs pour faire quelque chose de bien, pourtant. Surtout quand on constate que nous sommes capables de battre La Duchère, en passe de monter en National, puis la réserve de l’Olympique Lyonnais. On se disait qu’on allait se réveiller en 2016, comme lors des saisons précédentes. Mais il n’y a pas eu l’envie et la détermination suffisantes, certainement. »

Et, sans attendre la fin de saison, « maintien en CFA ou pas », il avait déjà décidé de se déshabiller de la tunique bleue qu’il porte, mais en promettant de tout faire pour sauver l’USSU de la relégation.

« J’ai été heureux d’avoir affaire avec des gens passionnés, comme Roudy Keller. C’est un club très familial. Il est seulement dommage de voir que les infrastructures ne suivent pas. Il manque trop de choses sur ce plan. »

Il n’empêche, depuis deux journées, Yann Benedick a retrouvé le sens du but. Contre l’Olympique Lyonnais (3-0), il avait ouvert le score. À Drancy, il n’avait pas pu empêcher la défaite de son équipe (3-2) malgré un doublé.

« Je n’ai pas renoncé à mon rêve de redevenir professionnel »

« Ma fierté est d’avoir défendu mon club jusqu’au bout, soupire le joueur en quête d’un nouveau défi. Je n’ai pas renoncé à mon rêve de redevenir footballeur professionnel. »

Face à Moulins ce samedi, il souhaite simplement améliorer ses statistiques, comme tenir sa promesse dans un contexte qui s’annonce compliqué.

« Il va falloir faire preuve de détermination alors que, sportivement, nous savons que nous n’avons plus rien à espérer. Tout est fichu, c’est rageant. »

Le maintien ne tiendra que du miracle administratif, pas d’un ballon qu’il aurait magistralement frappé. Au tapis vert des salons de jeu de hasard, Yann Benedick a toujours préféré les prairies.

Comme celles que Thierry Henry foulait, lors d’un été devenu soudainement très joyeux.

Source DNA.fr

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