7 décembre 2016 à 17:18

Rencontre avec Omar Hassidou

Depuis quelques saisons désormais, Omar Hassidou vit du football. De retour à Sarre-Union après un crochet par le FR Haguenau, il raconte son parcours incroyable, alors qu'il vient tout juste de fêter son 27e anniversaire.
Un rêve si doux

Il a grandi à quelques centaines de mètres à peine des lumières du stade de la Meinau, au 9, rue Schulmeister. Enfant, il se nourrissait de football à force de suivre « tous les copains », dans les clubs du coin.

« J’allais où ils allaient », dit Omar Hassidou, avec ce sourire qui déteste s’éloigner des traits de son visage. Ce sera donc le Red Star, l’Égalité, puis l’Électricité Strasbourg sans oublier un furtif passage par le… Gaz (!).

Autant de pelouses plongées dans l’ombre des terrains d’entraînement du Racing.

« J’aimais le contact avec le sol, plonger, me salir, etc. »

Le dimanche, il allait même se cacher tôt le matin, espérant retrouver ses copains de ballon, pour ne pas faire la tournée de sa famille, quand ses admirables parents (Aïcha et Haddou) se rendaient à Metz ou à Nancy. « Ils finissaient toujours par me trouver », sourit-il.

Comme il rentrait toujours de l’école dans le même état, les pantalons déchirés, « inévitablement sales », se faisant gentiment gronder par papa et maman. « Ils m’ont offert, à moi, mon grand frère et mes deux grandes sœurs, une éducation superbe. Il fallait revenir de l’école avec de bonnes notes. »

Comme c’était le cas – il terminera son parcours avec un baccalauréat Comptabilité –, ses petits écarts d’apprenti footballeur lui seront pardonnés.

Autant préciser les choses rapidement, Omar Hassidou est né… gardien de but, surtout pas attaquant. « J’aimais le contact avec le sol, plonger, me salir, etc. »

Un jour, face à Vauban, il était allé six fois chercher le ballon au fond de ses filets. L’humiliation avait été trop grande, il avait stoppé sa carrière, « mais uniquement en club », à même pas 17 ans.

« Je suis devenu un “Pourquoi pas” »

Et puis, sur une pelouse incertaine de son quartier, il était mal retombé sur un plongeon, « double fracture du coude, deux opérations, quelques passages par l’hôpital et des mois de souffrance ».

Omar Hassidou n’arrêtera plus jamais de ballon, ne portera plus jamais de gants, se contentera du futsal, et puis c’est tout.

« Un jour, j’ai accompagné un copain à Hoenheim, qui organisait une détection pour ses U18. Je n’avais pas emmené d’affaires. Comme j’étais là, le coach m’a demandé de mettre des crampons. Je les ai mis comme ça. Je suis devenu un “Pourquoi pas”... », dit-il en éclatant de rire, puisque toute sa carrière s’est construite sur des rencontres, des hasards, sur cette patte gauche si adroite aussi.

Il avait convaincu, mais avait dit oui en apprenant que son futur coach (Nabil Benjouilli) était quelqu’un qu’il appréciait.

« Quand on m’a demandé mon poste, j’ai dit 10. J’aimais dribbler, j’adorais surtout Zinedine Zidane. »

Puis Omar Hassidou enfilera les buts, les multipliant en U 18 et en équipe senior, au point qu’un de ses camarades de la Meinau lui dira de le rejoindre et de venir passer un test à Geispolsheim, lors d’une trêve hivernale.

« Je pensais que Mohamed Boughardayan exagérait. Je venais de monter de D1 en Promotion. Là, c’était la Division d’Honneur, le top régional, un rêve irréalisable pour moi. » En une demi-saison, il inscrira une quinzaine de buts, confirmera la saison d’après en devenant le meilleur buteur d’Alsace.

« Mon coéquipier et ami, Steve Souchette, m’avait dit un jour qu’un grand club me suivait, j’avais marqué les trois buts de mon équipe face à la réserve du Racing. Je pensais qu’il plaisantait, il était en fait proche de Pascal Droehnlé. »

Quand ce dernier (entraîneur) et Jean-Marc Kuentz (alors directeur de la formation) l’avaient appelé pour renforcer l’équipe réserve, les deux éducateurs du Racing ne plaisantaient pas. « Je leur ai dit : “Pourquoi pas ?” » La suite de l’histoire d’Omar Hassidou s’écrira au Racing, à partir de juin 2012.

« Certains font 15 000 kilomètres pour réaliser leur rêve, moi 500 mètres »

« J’ai vu mes parents fiers, mon frère Mohamed, qui m’a toujours encouragé, qui vient à tous mes matches, ému. Je n’avais pas aimé le football pour rien. Il faut croire aux choses, elles sont possibles. »

Un peu plus tard, c’est François Keller qui fera appel à lui, « une fois par semaine, puis deux, puis quatre », lors des séances d’entraînement d’un club tombé en CFA.

« Un vendredi, alors que je repartais prendre ma douche au centre de formation, il m’a rattrapé me demandant d’être là, le lendemain à onze heures. J’étais convoqué pour le match à Yzeure. C’était inimaginable. »

Puis, il y aura cette première entrée en jeu, à la Meinau contre… Sarre-Union, quand il avait remplacé Sabo. « Certains font 15 000 kilomètres pour réaliser leur rêve, moi je me suis contenté de 500 mètres. C’était une sensation incroyable. Tu vas t’échauffer, mais c’est surtout ton cœur qui chauffe. Tu joues sur une pelouse où tu as vu Pagis réussir des gestes incroyables, ou Abdessadki mener ses coéquipiers. Et tu y joues à ton tour, un jour. Tu partages le vestiaire de mecs comme Sikimic ou Gauclin. »

Il parle bien sûr de son but marqué le 4 mai 2013 face à Belfort.

« Quand j’étais entré en jeu, 10 000 personnes avaient hurlé mon nom. Je ne savais pas qu’autant de personnes me connaissaient à Strasbourg », sourit Omar Hassidou. Il se souvient de ce succès à Grenoble, de cette montée en National, de cette vie rêvée qu’il a construite, à coup de “pourquoi pas”.

Il y aura ensuite trois saisons à Sarre-Union (CFA), une saison à Haguenau, presque par défaut, quand un des rendez-vous avec le National avait été raté, du côté de Sedan.

« Dans la peau d’un privilégié »

« Tous les jours, on me disait que j’allais signer mon contrat. J’ai fini par me lasser. Heureusement, mon épouse Najoua n’avait pas démissionné de son travail, et on n’avait pas résilié le bail de l’appartement. Mais, pour des questions budgétaires, je n’avais pas pu revenir à Sarre-Union. »

Cet été, il a repris la route de l’Alsace-Bossue, « heureux d’être là, dans un club familial avec des dirigeants et des bénévoles qui te donnent tout. Même si on me dit que je mériterais de jouer plus haut, je ne m’imaginais pas un jour évoluer en DH. Je suis dans la peau d’un privilégié. »

Un privilégié nommé Omar Hassidou qui, lorsque son coude droit avait bruyamment craqué, a plongé dans le bonheur après s’être relevé d’une douleur. En douceur, forcément.

« Et quand je ne serai plus footballeur, mes parents m’ont appris à savoir comment on obtient son pain... »

Source DNA.fr

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