30 octobre 2015 à 08:48

Filets de vie

Si le ballon avait un peu mieux roulé pour Yann Benedick, il serait en train de le poursuivre avec gourmandise sur une pelouse de Ligue 1, voire de Ligue 2. Mais le jeune attaquant de 23 ans a connu plus de bas que de hauts, pour l’instant.

«Dans le football, tout va très vite. Je n’ai pas encore renoncé à mon rêve. » Yann Benedick commence vite par dire ça, lui qui vient pourtant de vivre quatre ans de sa passion, du côté du Stade de Reims. « Je me sentais privilégié, même si je ressors de cette aventure très frustré. Je n’ai jamais pu vraiment saisir ma chance à cause de deux grosses blessures. »

« J’avais envie de montrer ce que je valais, de tout casser »

Deux fois, il s’est fait opérer de son genou droit. Huit mois pour se soigner, autant de temps presque pour retrouver le niveau à chaque fois.

« Je voyais les copains partir s’entraîner, je filais aux soins, j’y restais de 9 à 17h. Des mois à ne pas taper dans le ballon. »

Alors, il raconte son parcours, une route droite secouée par quelques déviations.

Dans la famille Benedick, on naît footballeur. Le grand-père aurait pu devenir professionnel au Racing, « mais René avait préféré fuir l’Alsace au début des années 40 à cause de la guerre », le père avait été footballeur. « Il a notamment joué à Phalsbourg et à Saverne. J’étais destiné à jouer un jour à Sarre-Union. »

Lui, quand il a eu six ans, il a vu Thierry Henry devenir champion du monde à la télé. Il marquerait comme lui des buts, il multiplierait les courses et les appels.

« À huit, neuf ou dix ans, j’essayais d’imiter ses gestes. Même si je ne le fais plus, il m’a inspiré. Il était énorme, surtout à Arsenal. Et moi, ma vie, c’est de faire trembler les filets. J’adore ça, les autres postes m’ennuieraient, sans être prétentieux. »

Très vite, il changera de pré, passant de celui de la FAIG à ceux du Racing quand les dirigeants appelleront ses parents (Christophe et Isabelle) pour les convaincre. Il avait à peine neuf ans. Il y fera toutes ses classes, réussira son Bac Scientifique, « François Keller réclamait et insistait pour que nous soyons tous de bons élèves ».

Mais l’histoire va s’arrêter brusquement lors de l’été 2011, quand le club strasbourgeois déposera le bilan. « En juillet, on s’entraînait encore avec Jacky Canosi. Un jour, c’était oui, le lendemain non… Et puis, on a appris qu’on n’existait plus, avec l’obligation de trouver un contrat ailleurs. »

Yann Benedick aura la chance de filer à Reims, d’y parapher un contrat professionnel de quatre ans. « J’étais heureux comme tout. J’avais envie de montrer ce que je valais, de tout casser. »

Et c’est malheureusement son genou droit qui cédera au dixième jour seulement. « J’étais dégoûté, seul, loin de chez moi et du cocon familial dans lequel j’évoluais. En plein doute. »

Les Rémois le prêteront deux fois au Racing, il en profitera pour inscrire 7 buts en 19 matches, participant activement à la remontée en National, y disputant neuf rencontres lors de la saison 2013/2014.

De retour en Champagne, son genou droit cédera à nouveau. « Ces galères m’ont endurci, m’ont forgé un caractère », souffle Yann Benedick.

De Pôle Emploi à l’équipe de France militaire

Juin 2015 était arrivé et son contrat n’avait pas été renouvelé. « Je suis allé m’inscrire à Pôle Emploi. C’était la première fois et ça fait très bizarre. Par rapport à plein de personnes que j’ai croisées et qui galèrent, je ne suis pas vraiment à plaindre. Tu ouvres juste un peu plus les yeux sur le monde. »

Alors, il se mettra en quête d’un nouveau contrat, contactera aussi deux ou trois clubs amateurs de la région. « Sarre-Union a été le plus accueillant, me permettant de me tenir prêt au cas où. Ses dirigeants me libéraient si un club professionnel s’intéressait à moi. »

Il a bien eu un coup de téléphone au début du mois d’octobre, il a d’abord cru à un canular. « Par le biais de Didier Neumann, l’UNFP m’a proposé d’aller faire les Jeux Mondiaux militaires en Corée du Sud. J’ai signé un contrat d’un mois, comme réserviste. Franchement, c’était génial de porter le maillot de l’équipe de France. On a fini septième sur dix après avoir concédé trois courtes défaites face à l’Algérie, le Qatar et la Corée du Sud. De grosses équipes ! Les militaires coréens jouent ainsi en Ligue 2 de leur pays. »

L’expérience lui a visiblement fait du bien, il a marqué quatre fois lors de ses deux premières apparitions officielles avec Sarre-Union : un but à Montceau en CFA (1-5), trois à Erstein en Coupe de France (0-4).

« Ça fait forcément plaisir, ça faisait si longtemps. Je me sens bien ici, pas loin de la maison et de mes parents. Et heureux d’être dans un club comme ça, à la fois familial et ambitieux. C’est ce que je cherchais : du temps de jeu et marquer. »

Et si ça continue, les filets ne seront pas les seuls à rebondir.


Source DNA.fr

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