5 janvier 2016 à 13:34

Focus sur Rachid Hayef

Passeur décisif sur le but de Yann Benedick, le deuxième de Sarre-Union, Rachid Hayef a surtout été exemplaire tout au long d’un match, dont la fin a été autant crispante que brillante. Retour sur une journée de samedi qui fait déjà date.

Sincèrement dit, on aime bien les joueurs qui ont le profil de Rachid Hayef. Il est de ceux pour qui le ballon est plutôt un copain qu’on préfère cajoler, dompter ou dorloter plutôt qu’un objet qu’on martyrise jusqu’à en écorcher sa peau de cuir.

«Je suis un fan d’Hatem Ben Arfa, lâche d’entrée (à raison) Rachid Hayef. J’espère affrontrer le Paris SG, l’OM ou Monaco comme tout le monde, mais le voir de près en recevant Nice me plairait énormément.»

Son pied droit rappelle que le football est aussi un jeu d’adresse

Donc, vous l’aurez lu entre ces lignes, le milieu de terrain de Sarre-Union est de ceux qui suscitent la critique pour leur indolence supposée, sans même supposer qu’elle n’est qu’apparence.

Et que son pied droit, le plus souvent dans son cas, rappelle que le football est aussi un jeu d’adresse. Et qu’il s’adresse aussi aux yeux de ses amoureux, donc au cœur qui les fait mouvoir et s’émouvoir.

«Une magnifique action individuelle rembourse parfois le billet d’entrée», ajoute celui qui a soufflé l’été dernier sur sa 23e bougie.

Samedi, Rachid Hayef a pourtant été de tous les combats, se jetant sur tous les ballons du pré, vite devenu bourbier, du bon vieux stade Armand-Chouffet de Villefranche-sur-Saône.

C’est lui qui a intercepté avec hargne ce ballon sur cette mauvaise relance, qui s’est promptement relevé avant de le transmettre proprement à Yann Benedick sur le deuxième but de son équipe. «Ce qui me donne le plus de plaisir, ce n’est pas la passe que je réussis dans le bon tempo, mais de voir les filets trembler. Là, tu te dis que tu as très bien travaillé. »

Sur ce terrain décidément facheusement bosselé, il a été un très digne représentant du club d’Alsace-Bossue.

Et son coach Éric Becker l’avait visiblement, peut-être involontairement, préparé au combat puisqu’il lui avait offert le numéro 2 pour enrichir l’étoffe du dos de son maillot.

«Comme Vianney (Schermann) voulait le 7, je n’ai pas eu le choix. Tant que je joue, quel que soit le numéro qu’on me donne, je suis heureux. Je profite de chaque instant de la vie, de chaque plaisir offert.»

Il souffle qu’il n’osait «même pas rêver» ce qu’il a vécu samedi en fin d’après-midi, lui qui évoluait en Excellence (à Gerstheim) avant de se révéler à Vauban grâce à... Bruno Paterno qu’il suivra ensuite à Sarre-Union en 2013.

Lui, le milieu de terrain offensif côté gauche, qui aime plus s’approcher du but adverse que s’accrocher à celui protégé par son gardien, prend du plaisir depuis, a même touché au bonheur avant-hier.

« Même si t’étais concentré sur ce que tu avais à faire, quand le ballon sortait en touche, tu n’entendais que tes supporters chanter dans la tribune. Ils m’ont donné la chair de poule et l’énergie de tenir jusqu’au coup de sifflet final.»

Là, Rachid Hayef éclate de rire. De ce rire presque juvénile dont il aurait été privé s’il avait pris au sérieux les conseils d’un médecin lui demandant un jour d’arrêter le foot pour des raisons de santé.

«Tu as donné de l’émotion à plein de gens»

«On s’est arrachés tous ensemble pour tenir le score. Quand l’arbitre a sifflé la fin de la rencontre, je voulais sauter partout. Mais j’étais tellement cuit que je me suis étalé sur la pelouse.»

Après quelques secondes de repos forcé, il se rattrapera dans le vestiaire des Bas-Rhinois, envahi par les bruits et les bouteilles de champagne bienvenues, à sauter et courir partout.

«C’était de la folie pure. T’es juste dans l’euphorie. C’est le lendemain, quand tu achètes le journal, que tu prends conscience de tout. Tu entres dans l’histoire d’un club et tu as donné de l’émotion à plein de gens.»

Il dit qu’il a quitté ses potes de l’USSU un peu tôt dans la nuit de samedi à dimanche, «trop cuit» par sa sueur distribuée pour participer à un “after”.

« Dans la camionnette, j’étais avec Adel (Benchenane) , Yann (Benedick) et Evander (Moreira). Le coach (Éric Becker) était au volant. Pendant deux heures, on a chanté comme des fous. Après, je me suis assoupi, raconte tout sourire Rachid Hayef. Quand ils m’ont déposé chez moi, au Marais (à Schiltigheim) vers 2h30 du matin, j’ai juste eu le temps de me glisser sous mes draps pour m’endormir très, mais alors très très paisiblement. »

Aujourd’hui, Rachid Hayef s’est complètement réveillé. Il a hâte de retrouver les terrains d’entraînement, puis son public samedi face à Drancy.

«On va mettre de côté la Coupe de France. Elle a reserré le groupe sportivement, mais surtout humainement, reprend celui qu’Éric Becker a toujours défendu. Elle doit nous servir pour le championnat. Il faut sortir le club de la zone rouge. On a cette obligation morale en contrepartie de tout ce qui est fait pour nous à Sarre-Union.»

Le jeune Strasbourgeois, qui attend la fin de la saison pour prendre une décision quant à son avenir professionnel (reprise des études ou travail), est en train d’opérer une mutation sur les terrains de football.

Et Sarre-Union ne pourrait pas rêver de plus séduisant chevalier-servant. Passeur de bonheur...

 

Source DNA.fr

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