15 janvier 2016 à 17:49

Focus sur Yann Schneider

Le parcours de Yann Schneider a parfois épousé les rebonds capricieux du ballon rond. Et si sa carrière pro n’a peut-être pas atteint ses rêves d’enfant, c’est un homme et un joueur épanoui qui mènera l’USSU lors du premier 16e de finale de son histoire.

Capitaine bâtisseur

« Je trouve que j’ai beaucoup de chance… » Yann Schneider pourrait être amer, parce que la chance, justement, ne lui a pas vraiment souri durant sa carrière pro. Mais non, le défenseur alsacien est heureux. Et il le dit.

« Ma vie ? Elle me comble. » Sans doute parce qu’il en est le bâtisseur, sur les pelouses comme en dehors. S’il fallait choisir un seul exemple, ce serait cette maison en bois qu’il construit à Eschbourg, seul, depuis deux ans et qui l’accueillera cet été, lui et son épouse Aurélie.

« Le jour où l’on peut faire quelque chose de grand »

L’histoire de Yann Schneider, c’est celle d’un enfant de Schoenbourg (450 habitants) qui a réussi à s’ouvrir les portes du professionnalisme, même si elles se sont trop tôt refermées devant lui. On y reviendra.

Depuis 2009, le défenseur central est l’emblème de Sarre-Union. C’est là, dans ce coin d’Alsace dont il est originaire, qu’il a tourné la page du monde pro. « Très facilement », jure-t-il. Yann Schneider a préféré être un bon amateur. « Ça correspond à mon éducation. »

Il faut dire que l’Alsacien a très vite été mis au parfum, dès son arrivée au Racing à l’âge de 13 ans, des incertitudes du foot professionnel. « Mes parents m’ont toujours préparé à ça, me rappelant que les chances de signer un contrat étaient minces. C’est un monde spécial. »

Il passera entre toutes les gouttes jusqu’à signer, en 2006, un contrat pro de trois ans. Mais ce qui devait constituer un tremplin va s’avérer le début d’une galère. Le nouvel entraîneur, Jean-Pierre Papin, débarque avec des joueurs dans ses valises. Et le dernier jour du mercato, le club lui signifie ne pas compter sur lui.

Direction Siegen et la D3 allemande, en prêt. L’opportunité est belle de se montrer dans le pays du football. « On jouait devant 10 000 spectateurs. » Pourtant, après trois titularisations, il s’installe sur le banc. « Je ne le savais pas quand j’ai signé, mais à mon poste, le capitaine de l’équipe était alors blessé. À son retour, j’ai compris... »

À la trêve, il essaie de rentrer en France. « J’avais des touches en National, un peu en Ligue 2. » Aucune ne se concrétise et c’est parti pour six mois avec la réserve de Siegen. Retour à Strasbourg à l’été 2007. Mais son horizon s’assombrit dans la maison bleue.

« J’en avais un peu marre du foot… »

Il passera les deux saisons suivantes sans jamais intégrer le groupe pro. « Au début, je ne jouais même pas avec la réserve ! À 20 ans, c’est dur… » Yann Schneider aura bien tenté de “s’évader”. Sans succès. Après un essai concluant, ponctué par un stage en Espagne, le défenseur central est très près de signer à Brême. Sauf que… « Amaury Bischoff jouait là-bas. Arsenal le voulait, Brême ne souhaitait pas le libérer. On avait le même agent, il est finalement parti à Arsenal. » Vous avez compris la suite.

Un autre essai, à Calais, se passe bien lui aussi. « On avait joué contre Le Havre, gagné 2-0. Le coach me dit que je suis un bon joueur. » Mais aussi que ces 178 centimètres sont insuffisants. C’en est trop pour Yann Schneider. « J’en avais un peu marre du foot… »

Plutôt que de courir après un contrat à l’autre bout de la France, il donne sa parole à Sarre-Union, dernier en CFA 2. « Je m’étais préparé à jouer en DH. » L’USSU se maintiendra, montera en CFA en 2012.

Bien sûr, « quand tu vois tes copains qui font une petite carrière, tu te dis parfois que ça aurait été beau, même s’il faut être lucide, cela aurait été difficile pour moi d’atteindre la Ligue 1 ». Lui joue en CFA, travaille pour la Ville de Sarre-Union. Mais il est heureux, définitivement.

Alors, de ses années Racing, Yann Schneider préfère retenir les souvenirs avec ses complices du centre de formation, Régis Gurtner et Gaëtan Krebs en tête. Et puis, l’éternel capitaine – « Je l’ai toujours été » – a malgré tout vécu de jolies choses en ciel et blanc. Comment oublier ces quatre matches de Ligue 1, cette ambiance si particulière de la Meinau ? Comment effacer ce match de Coupe de l’UEFA, en novembre 2005, et ce 1-1 décroché au Stade Olympique contre la Roma de Totti ?

Au marquage de Cassano

« J’étais entré (à la 70e , au relais de Cédric Kanté) pour être au marquage de Cassano, sourit celui qui avait participé à l’épopée victorieuse du Racing en Coupe de la Ligue en 2005. J’étais entré dix secondes en fin de match à Troyes (en 16e de finale) ! »

Mais on devine chez le capitaine de l’USSU que ce 16e de finale constitue un sommet. C’est avec le maillot bleu sur les épaules qu’il a découvert la Coupe de France. Une équipe dont il est ensuite le capitaine. Surtout, le match face à Niort tombe le jour de son 30eanniversaire. « Je ne veux pas rater ce rendez-vous. »

Yann Schneider espère le ponctuer d’un plaisir total. L’an passé, il était revenu de Boulogne et d’un 32e de finale avec une épaule en vrac. Cette saison, l’USSU était en mission, obligée d’aller loin pour remplir ses caisses.

« On nous met une pression énorme sur la Coupe, ça bouffe une énergie folle. Jusque-là, les matches étaient compliqués à gérer. » Libérés de ce “poids”, les joueurs de l’Alsace-Bossue veulent aller là où on ne les attend pas. « Là, c’est une récompense. C’est le jour où l’on peut faire quelque chose de grand. »

Plus tard, quand il aura remisé ses crampons au placard, peut-être que Yann Schneider se servira du match contre Niort, et de l’exploit dont il rêve pour son club, quand il sera passé de l’autre côté. « Le foot, c’est à vie. Je finirai dans ce milieu. »

Un avenir sur un banc

Le défenseur s’imagine entraîneur, passe ses diplômes. « Ça m’intéresse depuis tout jeune. » Et ses calepins s’enrichissent jour après jour d’extraits de discours ou de phrases prononcés par des techniciens, les pointures comme les plus obscurs.

« Le coach qui m’a le plus marqué ? François Keller. Je pense que 90% des joueurs qui l’ont eu répondront la même chose. » Nul doute que mardi, l’habituel texto d’anniversaire de son formateur au Racing se doublera d’un message d’encouragement.

En attendant de transmettre sa vision du foot, Yann Schneider est toujours acteur, porté par le soutien de ses proches, qu’ils soient encore de ce monde ou pas. « Je pense que je ne suis jamais seul. » Et si sa plus belle représentation était pour mardi prochain ?

 

Soruce DNA.fr

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