19 janvier 2016 à 07:24

Brouard, par foi, toujours !

Il a marqué l’histoire de la Coupe de France avec Quevilly, emmenant le club de CFA, puis de National, en demi-finale et en finale de la compétition. C’était respectivement en 2010 et 2012. Mardi, Régis Brouard prendra place sur le banc de touche niortais.

Il a le parler simple et direct des hommes de passion. Parfois aussi les manières excessives comme ce jour d’août dernier, où il s’était virilement empoigné avec Olivier Echouafni, alors entraîneur de Sochaux. « On me juge parfois sur ces quelques secondes, commence par dire Régis Brouard, qui a fêté ses 49 ans ce dimanche. Le métier d’entraîneur est très dur. Toute ta vie est tournée vers le ballon. Même quand tu as envie de partager, tu dois d’abord te protéger. »

« On est essentiellement dans la frustration »

Il choisit soigneusement ses mots pour expliquer les choses, pour raconter qui il est vraiment, sans chercher à gommer ou à nier une personnalité impulsive, donc soucieuse forcément.

« Je crois être quelqu’un qui fait les choses à fond, recherchant la perfection sans jamais y parvenir totalement. On est essentiellement dans la frustration. En fait, je suis comme tous les passionnés, comme tous ceux qui s’engagent. Ils sont plus souvent malheureux qu’heureux. »

Il raconte sa passion du foot, née dans la banlieue parisienne. « Pour pouvoir jouer, j’étais surclassé. J’avais six ans, des posters des Pays-Bas et de Johan Cruyff dans ma chambre. Lui, c’était mon modèle, il avait cette élégance qu’il promenait sur toutes les pelouses. »

Coéquipier de Laurent Blanc, adversaire du Manchester de Sir Alex Ferguson

Avant Thierry Henry, Patrice Evra ou Anthony Martial, il passera par le CO Les Ulis. Changera de crémerie (Massy, Morangis), avant de filer à Auxerre du temps des Basile Boli et Éric Cantona.

« Quitter sa famille très jeune, c’est très dur. Parce que tu prends vite des claques pour ta passion, quand on t’annonce que ton chemin s’arrête au centre de formation. Avec le recul, c’est une bonne expérience. Quand tu n’es qu’un gamin, tu pleures. Mais tu dois rebondir, aller gagner ta vie là où on a besoin de toi. »

Et ce fut Rodez (National) alors qu’il avait à peine dix-huit ans. Au total, sa carrière de joueur professionnel durera le même temps, avec plus de 500 rencontres empilées, parfois en Ligue 1, le plus souvent à l’étage en dessous. Elle le fera affronter le Manchester United de Sir Alex Ferguson en Coupe d’Europe. « Vincent Guérin était suspendu. C’était en C2 avec Montpellier. En face, il y avait Robson, Bruce ou Ince. »

Il était alors le coéquipier de Laurent Blanc, avait Henry Kasperczak comme coach. « Il est l’un de ceux qui m’ont marqué, comme Gérard Gili, Michel Poisson et surtout Jean-Louis Gasset. J’ai très souvent été le capitaine des équipes dans lesquelles j’ai joué. Je regardais et j’analysais toutes les séances. L’approche psychologique m’intéressait déjà énormément. Je savais que je deviendrai entraîneur. »

Alors, après des passages par Bourges, Niort, le Red Star, Caen, Nîmes et Cannes, il l’était naturellement devenu.

« Tu rêves de beau jeu, d’attaques rapides placées comme au Barça. Il arrive que ses joueurs ratent des passes et des contrôles. Le risque est encore plus grand pour mon équipe, sourit Régis Brouard. Alors, je veux juste qu’elle soit vivante, pas fade. Et tu t’aperçois très vite que tu ne peux être que guidé par la victoire. C’est elle qui panse tes plaies. »

Avant de prendre les commandes de Clermont, puis de Niort depuis l’été 2012, et après des expériences à Rodez et Nîmes, il y avait eu Quevilly. Une parenthèse longue de quatre ans, entamée à contre-cœur.

« Je voulais absolument quitter le sud de la France. Les dirigeants de Quevilly m’avaient sollicité. Si je n’avais pas eu besoin de bosser, j’aurais dit non. Rien ne me plaisait: les infrastructures, le stade et le projet », reprend avec la même bonne humeur l’ancien milieu de terrain.

« Si je n’avais pas eu besoin de bosser, j’aurais dit non »

Il avait attendu d’autres propositions, elles ne viendront pas. Donc, il ira à Quevilly.

« Dès que j’ai franchi les grilles du stade, j’étais dans le projet à 250 %. On revient à la passion. Parfois, je me dis qu’elle m’a pris beaucoup trop de choses : ma vie de famille, ma vie sociale, mes autres passions. Même quand tu veux te détendre, ta tête est habitée par un ballon », ajoute le coach de la maison niortaise.

Il dit heureusement que les épopées de Quevilly en Coupe de France l’ont rasséréné, presque conforté dans ce choix de vie.

« On vit des périodes très tristes, comme en ce moment. Alors, on doit être là, malgré nos doutes, malgré nos questionnements incessants, pour les égayer. Et la Coupe de France est idéale pour ça. Je me suis nourri d’elle. Et nos aventures ont fait du bien, énormément de bien, à toute une région. On redonne le sourire à des gens. C’est la plus belle des primes. Humainement, c’est autant indescriptible qu’inexplicable. »

En 2010, son groupe avait échoué aux portes de la finale (0-1 face au PSG) après avoir croqué Angers, Rennes et Boulogne. Deux saisons plus loin, Quevilly, monté en National, perdait la finale face à Lyon (0-1). Ses joueurs avaient encore éliminé Angers et Rennes, ajoutant surtout l’OM à leur tableau.

« J’adore cette compétition depuis toujours. Cet amour a été renforcé par mon passage à Montpellier avec “Loulou” Nicolin. On passe du rôle de petit à grand, du rôle de gentil à méchant. Elle est unique en Europe, à mélanger tous les mondes. C’est le vrai foot. »

Et une anecdote le fait toujours sourire, lui dont l’équipe vient d’éliminer celle de Moulins.

« Quand j’entraînais Clermont, ce club m’avait demandé d’intervenir auprès de son staff et de ses joueurs avant un match de Coupe de France. Je leur avais expliqué le pourquoi de notre parcours avec Quevilly. En fait, il n’y a pas de vérité, pas de recette, juste une part de chance à saisir et des circonstances dont profiter. Et c’est à chacun d’écrire cette histoire. »

Il n’a rien laissé au hasard

Alors, au moment d’affronter Sarre-Union, il n’a rien laissé au hasard, regardé soigneusement deux ou trois vidéos des matches de son adversaire, appelé les gens de Moulins, lui qui pense, contrairement à beaucoup de ses confrères, « que la Coupe de France rapporte des points en championnat, gardant les joueurs en mode compétition ».

Régis Brouard n’a vraiment rien laissé au hasard, « même si… ». Mieux que personne, il sait. Comme il sait que sa passion peut être dévorante. Même s’il ne renoncera jamais à s’en nourrir.

Par foi, toujours…

 

Source DNA.fr

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