5 février 2016 à 09:08

Témoin de la coupe de France: José Guerra

Sarre-Union est le sixième club alsacien à disputer un 8e de finale de la Coupe de France depuis la création de l’épreuve en 1917. Les Schilikois y avaient goûté en 2003, avec José Guerra comme chef de tribu.

Si froid, si show

C’était un jour de février , le samedi 15 de l’année 2003, comme on n’en fait plus ou presque. « Tous les gens qui me parlent encore de ce match se souviennent d’un jour glacial, mais aussi que mes joueurs les avaient réchauffés », commence par souffler tout sourire José Guerra. Sur la pelouse du stade de l’Aar, poussés par 5 000 supporters, ce sont ses petits Verts qui avaient alors soufflé le show.

Faisant voleter des Toulousains pourtant invaincus depuis onze rencontres, faisant s’asseoir trois fois Jérémie Moreau sur son séant. Garip Ayvaz (2e ), Fabien Weber (63e ) et Stephan Lemarchand (73e ) étaient passés par là, matérialisant seulement la formidable démonstration des Schilikois.

« Le fait que notre adversaire nous avait pris de haut avait participé de la préparation de cette rencontre. On se nourrit de ça. Mais, en fait, je crois bien que mon équipe était formatée pour aller bien plus loin. »

« Ce jour-là, la Meinau était un peu trop grande pour nous »

Dans les yeux de José Guerra, on lit presque le regret d’être allé occuper la prairie de la Meinau en quart de finale, face à Rennes (1-2), devant plus de 24 000 témoins.

« On mène un à zéro et on a l’occasion de mettre un deuxième but. Sur notre terrain, je reste persuadé que nous l’aurions mis, comme je reste persuadé que nous nous serions qualifiés. Mais je ne me sentais pas le droit de refuser un tel théâtre à mes joueurs. C’est le plus beau d’Alsace et ils l’avaient mérité. Mais ce jour-là, la Meinau était un peu trop grande pour nous. »

Tout doucement, cet enfant de la Coupe, puisque passé par la maison Vauban de ce grand Monsieur Stahl qui en avait fait sa maîtresse, reparle de cette épopée qui avait déjà vu son club éliminer Troyes, puis Beauvais.

« Elle lie les hommes comme aucune autre compétition. J’avais affaire à des gens de cœur et de caractère. Et des compétiteurs. On passait de la Coupe de France au CFA 2 sans souci. Et on était logiquement monté en CFA, comme on aurait dû monter ensuite en National si nous n’avions pas été freinés. »

Il raconte qu’il n’a pas de secret, sauf celui « de rester le même quelles que soient les circonstances, de conserver la même humilité face aux gros comme face aux petits », puisque l’épreuve se bâtit seulement à coup d’exploits.

« Contre Toulouse, mon plus grand bonheur est de l’avoir presque intimement partagé avec le public schilikois, avec nos familles aussi », dit pudiquement José Guerra.

« Plus le temps passe, plus je me dis que ce que nous avons vécu restera unique, plus je me dis que je ne le revivrai plus. Et que je n’en avais pas assez profité. Contre Rennes, j’étais obnubilé par la préparation du match. Je n’avais pas assez respiré l’air de la Meinau, pas assez regardé ces tribunes pleines. D’ailleurs, sur le coup, je ne m’étais pas rendu compte qu’elles l’étaient. »

Le but qu’il n’a jamais vu

Alors, on le ramène aussitôt à ce 15 février 2003 de légende pour l’entendre évoquer encore et encore cette rencontre face au Toulouse d’un Érick Mombaerts plutôt arrogant.

« Ma fierté, c’était d’avoir gagné par le jeu, uniquement par le jeu. De toute façon, mon équipe était incapable de le fermer, de verrouiller les choses. »

La fête avait été grandiose, Garip Ayvaz avait ouvert rapidement le score d’une frappe éclairante, Stephan Lemarchand, qui avouera plus tard « avoir trouvé le club de sa vie », conclura la marque après 73 minutes de jeu et de feu.

Quant à Fabien Weber, auteur d’un deuxième but grâce à une frappe devenue légendaire (à visionner absolument), il avait foncé sur José Guerra pour l’enlacer sans… jamais trouver les bras de son coach.

« Une épopée est faite de petites et de grandes histoires. Et d’anecdotes croustillantes, raconte José Guerra, désormais rigolard. Sur le deuxième but, j’ai entendu une telle clameur que je n’avais aucun doute sur ce qu’il venait de se passer. En fait, je n’ai rien vu. Quand Fabien a marqué, j’étais simplement aux toilettes. »

« Ils ne savaient pas… »

Désormais, José Guerra a surtout un besoin pressant d’en parler. « Quand un petit réalise ce que nous avons réalisé, c’est la preuve d’un collectif énorme. Face à des joueurs professionnels, plus forts dans tous les secteurs, c’est lui qui peut faire la différence. Individuellement, tu peux avoir des joueurs de qualité, mais ils doivent être au service d’un projet, s’y fondre tout en faisant profiter aux autres de leurs qualités propres. On a réalisé ce parcours avec sérieux, mais avec insouciance. On a laissé une trace et, dans la vie, c’est ce qui compte. »

Et il a fait sienne une seule devise. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » C’est vrai qu’il avait finalement fait très chaud ce 15 février 2003…

 

Source DNA.fr

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