7 février 2016 à 17:04

Coup de projecteur sur Bouquenom, 1ère étape

Des gueules, une atmosphère

À une époque où les films ne se regardaient pas avec des “lunettes 3D” mais s’appréciaient banalement en noir et blanc, Arletty avait fait mouche avec une réplique passée à la postérité.

À Paname, les “bobos” n’avaient alors pas encore remplacé les “prolos”. Et le “Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?” de l’actrice à l’incomparable gouaille parisienne avait claqué comme un coup de fouet.

Du côté de l’US Sarre-Union, on pourrait aussi jouer une version alsacienne de Hôtel du Nord , de Marcel Carné. Ici, les gens ont une vraie “gueule”, râlent, raillent et se chamaillent gentiment entre eux, en regardant le ballon rouler sur le pré. Pour parler de l’USSU et être entendu, il faut être du cru depuis cinq générations au moins…

Mais quand il s’agit de “servir” le club, on se retrousse les manches comme un seul homme. Ici pour déblayer la neige qui s’était invitée avant la venue de Niort, le mois dernier. Là pour faire griller les saucisses présentées, un peu de manière péremptoire, comme les meilleures des stades français. Rien que ça.

On comprend surtout que dans un bourg loin de tout, plus complexé que fier de sa ruralité, mais aussi marqué par la profanation de son cimetière juif voilà bientôt un an, une atmosphère à nulle autre pareille enveloppe le stade Omnisports.

Les “gamins” de l’équipe d’Éric Becker ont beau avoir touché du doigt le monde pro – certains en rêvent encore –, ils renvoient une image rafraîchissante, de celles qui rappellent les parties de foot endiablées dans les cours de récré.

Passés par les centres de formation de Nancy, Metz ou du Racing, ils cultivent l’esprit amateur, au sens noble du terme. Les histoires de chantage à la sex-tape ou d’évasion fiscale sont bien éloignées de leur quotidien.

Au bar du club-house, après le match, ils partagent de temps à autre une bière avec les supporteurs, sans agent ni attaché de presse pour gangrener la discussion.

Cette équipe “black-blanc-beur”, sorte de réminiscence à l’échelle locale de la sélection qui avait uni la France au siècle dernier, l’espace d’un bel été, peut contribuer à contrecarrer – un peu – les tentations de repli identitaire, plus fortes ici qu’ailleurs en Alsace, comme l’attestent les résultats des dernières élections. En tout cas, les parades de Koray, les relances d’Amara, les dribbles de Rachid et les passes d’Adel suscitent le même enthousiasme que les prestations du capitaine Yann.

Mercredi soir, toutes ces “gueules” vont donc se mobiliser derrière les leurs pour rendre l’atmosphère irrespirable aux Lorientais. Cela ne suffira peut-être pas pour emboîter le pas de Calais ou Quevilly, ces “petits” qui ont réalisé les plus gros exploits de ces dernières années.

En cas de miracle, les Sarre-Unionnais pourront toujours ressortir une vieille bobine de Marcel Carné. En la circonstance, un film semble tout indiqué : Les Enfants du paradis.

 

Source DNA.fr

Commentaires

Les membres déjà inscrits sur le site de votre club :

  • 2 Présidents
  • 8 Dirigeants
  • 1 Entraîneur
  • 4 Arbitres
  • 14 Joueurs
  • 126 Supporters