9 février 2016 à 18:17

Focus sur Roland Christmann

Il va bientôt fêter ses 43 ans et il est, depuis juin 2012, l’entraîneur des gardiens de l’US Sarre-Union. Mais surtout un homme aussi déroutant qu’attachant.

Homme de mains

Son dernier match sous les couleurs de l’AS Montbronn, dont il a gardé la cage dix saisons, le décrit mieux que tout. C’était à Sarreguemines, il avait 39 ans ce jour de juin 2012.

« On jouait le maintien, explique-t-il. Il restait un quart d’heure et, suite à un choc, je souffrais d’un rein perforé avec une hémorragie interne. »

Ça, il l’apprendra une fois que l’ambulance l’aura évacué vers l’hôpital le plus proche. Lui aura gardé son but jusqu’à la dernière seconde du match, « plus fier du résultat qui nous permettait de rester en DH » qu’assommé par la douleur. « Je pissais du sang. »

Cette seule anecdote résume Roland Christmann, un dur au mal, qui se prend « pour un joueur » quand il chambre le banc adverse ou quand son équipe vient à s’incliner comme samedi soir.

« J’ai très, très mal dormi, dit l’entraîneur des gardiens de but de l’US Sarre-Union. Quand Koray (Ozcan) prend un but, je le prends aussi. Parce que les gardiens sont un peu mes enfants, les garçons que je n’ai pas, dit-il se rattrapant tout sourire. Heureusement, j’ai ma fille Coraline qui est ma première fan, comme ma femme Tania. Elles me suivent partout. »

Alors, parfois, il donne l’impression d’être exalté, de ne pas avoir les bonnes manières. Mais Roland Christmann n’a jamais appris à servir le thé à de vieilles anglaises, comme à user son dos à la gestuelle des courbettes.

Champion de France des… caristes en 2003, pour son frère

Lui fait dans l’humain, au ballon comme au boulot. Sans gants pour une fois, mais avec son cœur. « Je cogite beaucoup dans les deux cas. Avec Éric Becker, on s’appelle tout le temps pour trouver le petit truc qui va nous faire décoller en CFA. »

Quant au travail, l’ancien cariste, champion de France 2003 de la spécialité « en rapidité et en précision » pour tenir sa promesse à Charles, son frère adoré et alors mourant, se bat pour ses chauffeurs.

« J’ai quarante personnes sous ma responsabilité. Alors, je fais le maximum pour leur trouver un chargement malgré la concurrence étrangère. Je souffrirais de ne pas leur donner de boulot », dit ce responsable chez Altrans à Hambach.

Cet ancien joueur de Merlebach et Sprichen, avant d’être longuement celui de Montbronn, avait fait un détour par le FC Metz. Pas conservé. « Je préférais courir après les filles que rattraper les ballons. Et puis, j’ai privilégié les copains aux primes de match. »

Un temps, Roudy Keller avait tenté de le faire venir à Sarre-Union comme joueur, mais ce sont Olivier Froemer et surtout Laurent Weinstein qui le feront s’asseoir sur le banc de l’USSU, un peu guidé par les recommandations de Daniel Dutt, un de ses collègues de travail, dirigeant à l’USSU.

« Laurent, il court partout. C’est lui qui va taper aux portes pour ramener l’argent dont le club a besoin. Ici, les bénévoles sont magnifiques. »

Et il aime ça, celui qui préfère les bourrades aux tirades. « Je suis heureux avec mes gardiens, Koray et Jean-François (Mathis) bien sûr, mais aussi avec Anthony (Brosi) , celui de la “C”. Mon plaisir, c’est de les voir progresser. Il y avait beaucoup de tension entre les deux premiers en début de saison. Aujourd’hui, ils sont devenus complices, tout en restant concurrents. »

Précédemment, il avait pris sous son aile Yoann Collas, Gilles Meyer, sans oublier François Isel. Il s’était même retrouvé en face du premier quand il avait dû reprendre du service en toute fin de saison passée face à Belfort. « J’avais dépanné deux fois, mais là, j’étais titulaire. Et Yoann était venu me remercier pour ce que j’avais fait pour lui, et il m’avait félicité pour mon match malgré notre défaite. Ça touche. »

Et sa compétence commence à faire du bruit, puisque c’est avec lui que le jeune Ange Kodion, tout juste éjecté du FC Metz, était venu reprendre confiance avant de signer un contrat au FC Sarrebrück.

« Après Niort, je me suis dit que nous ne perdions pas notre temps »

« Je parle beaucoup avec mes gardiens. Ils ont un poste difficile, ne peuvent pas changer de poste, eux. Ce qu’ils vivent, je l’ai vécu et ressenti. Il n’y a pas de copain pour rattraper tes erreurs, juste les filets de ton but. »

Alors, tout doucement, il reparle de son frère Charles, son aîné de six ans, sans lequel il doit continuer à vivre.

« Avant de décéder, il avait eu le temps de m’indiquer tous les chemins à prendre dans le foot, comme ailleurs. Je le suivais partout, je l’écoutais toujours. C’était mon exemple. Je voulais qu’il soit fier de moi comme j’étais fier de lui. »

Alors, il a retrouvé le sourire, grâce à sa femme bien sûr, grâce à sa fille bien sûr, grâce un peu à ce ballon qui vous rend parfois fou à cause de ses faux rebonds. « Je déteste la défaite, j’en ai même horreur. Mais j’ai appris à relativiser les choses après la mort de mon frère », reprend Roland Christmann, qui va fêter ses 43 ans le 18 février, la veille de ses 20 ans dans la même entreprise.

« Quand j’ai été champion de France, certaines sociétés m’avaient proposé des contrats plus juteux. Je suis resté là où on m’avait donné ma chance. Je suis resté fidèle. »

Mercredi, il veut savourer pleinement depuis le banc de touche le match face à Lorient. Pas seulement pour lui, mais aussi pour les autres.

« Quand j’ai vu le bonheur que nous avions donné aux gens après la qualification contre Niort, je me suis dit que nous ne perdions pas notre temps. »

Alors, même s’il lui arrive encore de ne pas prendre de gants pour dire les choses, l’homme de mains est d’abord un homme de cœur. Pour l’éternité…

 

Source DNA.fr

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