20 février 2016 à 10:09

Coup de projecteur sur Roudy Keller, l'Homme qui a façonné l'USSU

Il y a bientôt 23 ans, Roudy Keller a été appelé au chevet d’une US Sarre-Union mal en point. Cet entrepreneur haut en couleur est devenu la clé de voûte du club dans tous les domaines.

Taille patron

Les gens du club l’admettent sans sourciller et les suiveurs de l’US Sarre-Union le remarquent assez vite : l’USSU, c’est comme le village gaulois d’Astérix.

On y trouve une joyeuse troupe qui se nourrit de passion, de solidarité, mais aussi de bisbilles et de bouderies avant, comme dans la bande dessinée, de se retrouver autour du banquet de la réconciliation.

« Je dis tout haut ce que tout le monde dit tout bas »

Dans ce contexte, Roudy Keller (61 ans) a un rôle sur-mesure : il est le druide, celui dont la parole est respectée et l’autorité crainte mais acceptée. Il fournit la potion magique (le temps, l’énergie, l’argent) pour que le club avance.

Certains feraient n’importe quoi dès qu’il lève le petit doigt, d’autres le considèrent comme un despote qui fait la pluie et le beau temps au club. Roudy Keller ne laisse personne indifférent.

L’USSU, il y a joué 25 ans depuis les cadets. Puis il a bifurqué vers Harskirchen pour jouer en vétérans et devenir dirigeant.

« On est montés en PE et tout Sarre-Union m’en voulait », se souvient-il. Courtisé par les dirigeants de l’USSU et l’entraîneur Pierre Klein, il dit oui en 1993, obtient le soutien de la mairie et rejoint le club pour le début d’une nouvelle aventure.

« Je suis un lion, je ne lâche jamais rien, sourit-il. Quand j’ai un objectif, je fais tout pour le tenir. Je suis passionné, je suis hyperchiant, colérique, mais je ne suis pas rancunier. Je dis tout haut ce que tout le monde dit tout bas, je vide toujours mon sac. »

« Les joueurs, je ne leur fais pas de cadeaux, insiste-t-il. Je pousse des gueulantes, je recadre tout de suite (comme ce lundi soir orageux). Pourquoi ? Parce que j’ai la gagne, je déteste perdre, je suis très mauvais perdant. Je ne supporte pas la dernière place. Mais si tu perds et que tu as tout donné, je ne gueule jamais. »

Il admire Jean-Michel Aulas (le président de l’Olympique Lyonnais) et doit avoir le même respect pour Louis Nicollin, le boss de Montpellier. Même Loïc Féry, le patron du FC Lorient, trouve grâce à ses yeux. « C’est un président en or. Tout le monde parle des Qataris, mais lui, il n’a rien à leur envier. Il a fait de Lorient un club respecté et respectable. »

À la tête d’une entreprise de près de 160 salariés

À la différence de son homologue breton, Roudy Keller n’est pas multimilliardaire. Dans des termes plus policés, on va dire qu’il dispose d’une surface financière confortable qui lui permet d’être l’un des mécènes les plus importants de l’USSU.

Son centre de gravité, c’est l’entreprise Bruder-Keller, créée en 1966 et spécialisée dans le travail de la tôle que Roudy et son frère Raymond dirigent. On y produit des pièces pour des radiateurs électriques, des groupes de réfrigération ou même pour des centrales nucléaires. Près de 160 salariés y travaillent.

« J’ai le même management et les mêmes méthodes dans le foot que dans ma vie professionnelle, explique-t-il. Dans la vie de l’entreprise, je décide à la fin, mais je n’agis jamais seul. J’écoute les gens, je reste dans le dialogue et la discussion. »

Des joueurs, il en a embauché. Des copines ou épouses de joueurs aussi. Ou alors, il a fait des pieds et des mains pour leur trouver un emploi ou une formation ailleurs. « Ça aussi, c’est une fierté. Sans moi, ils seraient peut-être à Pôle Emploi. »

« Plus personne ne veut bosser ! »

« Ce qui a un peu changé, c’est que, aujourd’hui, en CFA, plus personne ne veut bosser !, râle-t-il. En CFA 2, j’avais plus de gars qui travaillaient. C’est une sacrée évolution… »

Et de citer Patrick Ernwein, l’une des anciennes gloires de l’USSU, désormais directeur technique dans son entreprise. Ou Vianney Schermann. « Eux ont des plans de carrière, moi je fais des économies et à la sortie, tout le monde est gagnant. »

« Depuis longtemps, les gens pensaient que Sarre-Union donnait beaucoup d’argent, affirme-t-il. Mais dans toutes les divisions où on évoluait, j’avais toujours le plus petit budget. Les premières primes de match, on les a eues en DH. Avant, il y avait zéro et les joueurs payaient leur équipement. »

« Bien sûr que l’argent est le nerf de la guerre, lance-t-il. Un budget supérieur rendrait nos saisons moins tordues. Il faut un entraîneur-adjoint avec le niveau CFA, un préparateur physique et un kiné. On bricole et ça me fait chier parce que je suis perfectionniste. »

Passionné de foot, il piétine allègrement les plates-bandes des entraîneurs. Dans d’autres clubs, ça poserait problème. Pas à l’US Sarre-Union où Roudy Keller est chez lui.

« Aucun type n’a la science infuse »

« J’aime beaucoup me mêler de l’équipe, de sa composition, de tactique. » Il entre dans le vestiaire où ses apparitions sont autant redoutées qu’appréciées.

« Je veux des joueurs entêtés, bosseurs. Si j’ai treize gars comme Vianney Schermann, je monte en National sans problème. »

« Aucun type n’a la science infuse », clame-t-il. Alors, comment fait-il pour attirer des joueurs en Alsace Bossue ?

« Je leur parle de visibilité et de temps de jeu, répond-il. Ils rêvent tous d’être joueurs professionnels. Chez nous, il y a du monde au stade, des observateurs de clubs professionnels sont là. Ça vient de France, d’Allemagne, du Luxembourg. J’ai de bons réseaux aussi. »

« Un joueur comme Koray Ozcan (le gardien) était bloqué à Evian, il est venu rebondir à Sarre-Union. Issam Chebake, je suis allé le chercher en 2010 à Marienau. Aujourd’hui, il est pro au Havre et a des contacts en Ligue 1. L’USSU doit accepter de n’être qu’un club de passage pour certains. C’est la grande difficulté. J’ai connu des saisons avec quatorze départs… »

Et d’envoyer une pique à certains supporters qui ont des mots durs et des critiques acides. « C’est lassant et injuste même si devant moi, ils ne disent rien (rires). Les spectateurs font la fine bouche, ils n’ont pas évolué comme l’a fait le club. »

C’est pour cette raison que Sarre-Union serait bien inspiré de se maintenir en CFA. Pour continuer à attirer ce profil de joueurs et à en admirer d’autres, sous le maillot adverse. « On a vu jouer Fekir, Giuly, Benzia, Umtiti, Njie, les pros de Sochaux, de Metz, d’Auxerre… Il y a de quoi être fier tout de même ! »

 

Source DNA.fr

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