Mario Brossi referme le livre Bouquenom

« Je descends les filets, je mets les poteaux de corner, j’accueille les délégués, je gonfle les ballons de match… » A l’US Sarre-Union, Mario Brossi était de ces petites mains, pas forcément visibles, mais tellement précieuses. Le 10 décembre dernier, lors de la rencontre qui a opposé l’USSU et le RC Champigneulles (1-1), l’intendant et délégué du club a vécu son dernier match aux côtés de l’équipe première de National 3. « J’ai anticipé mon départ qui était programmé en fin de saison, explique-t-il. Je vais avoir 69 ans en avril. Je faisais tous les déplacements. Pour aller à Grenoble ou au Puy dans le temps en CFA, on partait dès le vendredi après-midi. À un moment donné, il faut dire stop. J’ai commencé et je termine ma carrière à Sarre-Union ».

Des débuts de coach à Petersbach

Né en 1954 à Sarre-Union, Mario Brossi a en effet pris sa première licence à l’USSU en 1968-1969. Il toque rapidement à la porte de l’équipe première, dès 16 ans. Deux ans plus tard, il doit rejoindre les rangs des Forces françaises en Allemagne (FFA). « J’ai signé à Wingen-sur-Moder pendant l’armée. » Après un bail de neuf ans, il rejoint l’US Reipertswiller durant « six, sept ans ». Dans ces deux clubs, il aura évolué sous les ordres du bien connu Gérard Dimnet. Puis vient la tuile : une rupture des ligaments croisés du genou gauche. « Je ne me suis jamais fait opérer, indique l’habitant de Tieffenbach. Le kiné m’a dit : “On essaye comme ça, si jamais ça ne marche pas, on opère” ». Avant de ranger définitivement les crampons, Mario Brossi « donne un coup de main » à Tieffenbach.

Vers « 32, 33 ans », il prend sa première équipe en main : Petersbach. Avant d’accepter, « j’ai dit non trois fois », sourit-il. Ce qui a fait pencher la balance ? « Une quinzaine de joueurs et des dirigeants sont venus devant la porte. » Après un court passage sur le banc petersbachois, il prend ensuite les rênes de Weislingen (7 ans), puis de Dettwiller (2 ans), là où une réunion se veut déterminante. « J’ai fait venir au club tous les licenciés, des U18 aux seniors. On comptait trois défaites et j’ai intégré sept, huit jeunes. On a fini la saison tambour battant et on est monté en PH. » Un coup de fil de Roudy Keller – « on était à l’école maternelle ensemble » – fait revenir Mario Brossi à l’USSU pour prendre en charge l’équipe réserve.

Une fin de saison d’enfer pour un maintien inespéré

Quelque temps plus tard, le natif de Sarre-Union enfile le costume de délégué à la place de Jean-Claude Zaun avant de devenir entraîneur-adjoint au côté d’Olivier Froemer, puis de Bruno Paterno en CFA (actuel N2). Et de 2014 à 2022, Mario Brossi occupe son dernier poste, celui de délégué, intendant et responsable équipement.

Durant tout ce temps, le sexagénaire a pu se forger de merveilleux souvenirs, trois d’entre eux lui reviennent instinctivement. Le premier renvoie à un miracle sous le mandat d’Olivier Froemer. Scotchés à la dernière place de leur groupe de CFA durant une grande partie de la saison 2012-2013, les Bleus finissent par arracher leur maintien à la faveur d’une ultime victoire à Lyon-la-Duchère (3-2). « On a gagné les cinq derniers matches », appuie le Sarre-Unionnais de naissance.

Le second a pour cadre Villefranche et le stade Armand-Chouffet. Victorieuse 2-1, l’USSU se qualifie pour les 16^es de finale de la Coupe de France sous les yeux de « 200 personnes de Sarre-Union, je n’avais jamais vu ça ». Enfin, Mario Brossi se remémore aussi la suite immédiate de la folle épopée 2015-2016 avec le succès arraché face aux Chamois niortais (L2) grâce à un but de Vianney Schermann, ouvrant les portes des 8^es de finale.

Quelques jours auparavant, une mobilisation de tous les instants avait été nécessaire pour enlever « 20 à 25 cm de neige » et ainsi permettre à la rencontre d’avoir lieu. « On a passé deux jours à déblayer. On a mis une bâche et le jour même, il a reneigé… »

« Avant, je loupais les anniversaires, je loupais tout… le foot passait avant tout »

À Sarre-Union, Mario Brossi aura connu « six présidents et huit entraîneurs ». Et plusieurs autres personnes auront compté au début de sa carrière, comme Henri Bieber, Jean-Pierre Clauss, Raymond Séné, Raymond Lukic et Gaston Weinstein.

Si le père de Céline et Vincent n’apparaît plus dans l’organigramme du club sarre-unionnais, il ira encore régulièrement voir les matches au stade Omnisports tout en suivant l’évolution de son petit-fils Hugo licencié à l’AS Hochfelden. Il consacrera également plus de temps à sa famille. « Avant, je loupais les anniversaires, je loupais tout… le foot passait avant tout. » Une nouvelle vie, davantage détachée du ballon rond, s’ouvre désormais.

 Source DNA.fr